- CHINE - Actualité (1990-1996)
- CHINE - Actualité (1990-1996) P align=centerRépublique populaire de ChinePolitique intérieureLe 10 janvier 1990, le Premier ministre Li Peng lève la loi martiale instaurée le 20 mai 1989 en raison de l’agitation étudiante.Le 3 juin, des étudiants manifestent sur le campus de l’université de Pékin à l’occasion du premier anniversaire du massacre de la place Tiananmen. Ces manifestations sont sévèrement réprimées. Le 6, Pékin, qui cherche à obtenir la levée des sanctions économiques décrétées par les pays occidentaux après la répression de la contestation étudiante de juin 1988, libère 97 prisonniers politiques. Le professeur Fang Lizhi, le plus célèbre dissident chinois, réfugié à l’ambassade américaine, est autorisé à partir pour l’étranger avec son épouse, le 25.Commencés le 5 janvier 1991, les procès des dissidents du «printemps de Pékin» se terminent le 12 février. Les peines les plus lourdes (13 ans de prison) sont infligées à Chen Ziming et à Wang Juntao, anciens responsables de L’Hebdomadaire économique .Le 14 mai, Jiang Qing, la veuve de Mao Zedong, se suicide à Pékin dans la demeure où elle était assignée à résidence.Le 10 mars 1992, le bureau politique du Parti communiste chinois (P.C.C.), sur l’initiative de Deng Xiaoping, décide de relancer les réformes économiques sans assouplir la rigueur de la ligne politique.Le 9 octobre, le plénum du comité central confirme la mise à l’écart de Zhao Ziyang, ancien secrétaire général du parti, révoqué en juin 1989.Le 12 octobre s’ouvre le XIVe congrès du P.C.C.: le rôle dirigeant du parti est réaffirmé et toute libéralisation politique exclue.Le 27 mars 1993, l’Assemblée nationale populaire (A.N.P.) porte Jiang Zemin à la présidence de la République, en remplacement du général Yang Shangkun. Le 28, Li Peng est reconduit dans ses fonctions. Le 29, l’A.N.P. inscrit dans la Constitution la notion d’«économie socialiste de marché».Le 20 août, le Parti lance une campagne contre la corruption. Le 27, le paysan milliardaire Yu Zuomin est le premier à subir la nouvelle rigueur officielle. Autrefois donné en exemple pour sa mise en pratique des réformes économiques, il est condamné à 20 ans de prison pour avoir régné en maître absolu sur sa province qu’il avait mise en coupe réglée.Le 6 février 1994, Li Peng signe 2 décrets réglementant de façon plus stricte la pratique religieuse.Le 9 février, à l’occasion de la Nouvelle Année, Deng Xiaoping apparaît à la télévision pour la première fois depuis 1 an.Le 10 mars, des intellectuels chinois font parvenir au Congrès du peuple, dont s’ouvre la session annuelle, une pétition demandant que soit mis un terme à la répression et aux entraves à la liberté de pensée.Le 1er avril, le dissident Wei Jingsheng, qui avait été libéré sur parole en septembre 1993 après plus de 14 années de prison, est de nouveau interpellé.Le 28 avril 1995 est annoncée la démission du premier secrétaire du comité municipal du P.C.C. pour Pékin, Chen Xitong, également membre du bureau politique, qui serait impliqué dans des affaires de malversations financières. Il s’agit du premier limogeage d’un dirigeant de ce rang depuis celui de Zhao Ziyang, en 1989. Cette mise à l’écart illustre surtout les efforts faits par le président Jiang Zemin en vue de contrôler l’appareil d’État dans la perspective de la succession de Deng Xiaoping.Le 8 décembre, le gouvernement intronise le garçon qu’il a choisi comme dixième réincarnation du panchen lama, en désaccord avec les autorités religieuses tibétaines.Le 13 décembre, Wei Jingsheng est condamné à 14 ans de prison pour avoir tenté de «renverser le gouvernement».Vie économiqueLe 2 mars 1990, face au chômage, une relance de l’économie est annoncée par Li Peng. Elle se traduit par un doublement des prêts bancaires aux entreprises. La production industrielle progresse. De bons résultats sont enregistrés dans le domaine du commerce extérieur et de l’agriculture. Mais le pouvoir n’a pas profité de la récession pour assainir les structures productives.En juillet 1991, les provinces de Jiangsu et d’Anhui sont sinistrées par les inondations les plus graves que la Chine ait connues depuis 1 siècle. De grands travaux d’endiguement sont prévus.Le 3 juillet, la Bourse de Shenzen est ouverte. Les étrangers pourront opérer en 1992 sur le marché boursier chinois.La Chine renoue des relations avec la plupart des puissances mondiales en 1991.En février 1992, Deng Xiaoping relance les réformes économiques. En octobre, Jiang Zemin, lors du XIVe congrès du P.C.C., reprend le thème de l’«économie socialiste de marché»: le domaine de l’économie de marché sera étendu, l’actionnariat permettra de tracer la frontière entre les fonctions du gouvernement et celles des entreprises, le secteur public demeurera «dominant» tout en étant concurrentiel sur le marché «à armes égales». Cela devrait permettre à Zhu Rongji, protégé de Deng Xiaoping et nouveau venu au comité exécutif du bureau politique, de fermer les sociétés d’État déficitaires qui constituent la principale cause de la dérive budgétaire et de l’inflation. Le gouvernement décide en novembre de libérer les prix des biens de consommation courante dans un délai de 5 ans.En août, l’annonce de l’émission d’actions nouvelles par la Bourse de Shenzen provoque la ruée de 1 million de personnes. L’émeute la plus grave depuis 1989 a eu lieu lorsqu’on a appris que l’offre de ces actions serait inférieure à la demande.En 1993, les autorités chinoises consultent les experts de la Banque mondiale pour la remise en ordre de l’économie en proie à la surchauffe. L’incapacité du pouvoir central à contrôler les rouages de l’économie était devenue flagrante. Zhu Rongji, nommé le 29 mars par l’A.N.P. premier vice-Premier ministre, agit de façon sélective sur les investissements, et s’efforce de renforcer le contrôle de la capitale sur les autorités provinciales et d’améliorer le sort des agriculteurs. Plusieurs révoltes paysannes avaient rendu cette action urgente. Le point faible de la stratégie demeure l’incapacité des mécanismes financiers à maîtriser les principaux agrégats. En juin, les experts étrangers recommandent une hausse des taux d’intérêt, un renforcement du système financier et des contrôles accrus sur les dépenses des régions et des collectivités locales. Les décisions prises par la suite sont conformes à ces orientations. Le 14 novembre, un nouveau programme de modernisation est annoncé. Le 28 décembre, Pékin annonce l’abolition du double taux de change pour le 1er janvier 1994.En 1994, les autorités sont de nouveau confrontées aux nécessités contradictoires de subventionner les entreprises d’État à l’aide de nouveaux crédits, tout en luttant contre l’inflation. Le gouvernement poursuit sa politique de modération de la surchauffe économique.Le 17 janvier, à Pékin, pour tenter de réduire le déséquilibre des échanges commerciaux entre les 2 pays, des négociateurs chinois et américains concluent un accord limitant l’augmentation annuelle des exportations vers les États-Unis de textiles fabriqués en Chine.Le 30 janvier, le gouvernement suspend le démarrage de tout nouveau projet d’investissement et impose des plafonds aux prêts bancaires.Le 23 février, la Chine révèle qu’elle va construire en 2 ans 4 réacteurs nucléaires dans le sud du Guangdong, près de Hong Kong à qui sera vendue l’électricité produite.Le 13 mars, un prix limite est imposé sur 20 articles ou services de consommation ou d’usage courant. En septembre, le blocage des prix des denrées alimentaires entrera en vigueur, afin de limiter les effets des mauvaises récoltes sur les prix.Le 18 septembre, le taux d’intérêt sur les dépôts d’épargne à long terme est fortement relevé.En 1995, les autorités poursuivent l’effort de stabilisation de l’économie tout en donnant la priorité au développement intérieur du pays, ce qui conduit à une suppression des privilèges accordés aux zones économiques spéciales instituées dans les régions côtières.Le 5 mars, le Premier ministre indique devant l’A.N.P. que les priorités de l’action gouvernementale sont la reforestation, le contrôle des crues, la production hydroélectrique et la construction de lignes ferroviaires.Le 18 mars, l’A.N.P. adopte une loi qui renforce les pouvoirs de la Banque populaire de Chine dont le rôle est recentré sur la préservation de la stabilité monétaire et qui devient responsable devant le gouvernement. Les lois bancaires des 10 mai et 27 juillet confèrent une autonomie accrue aux banques commerciales et soumettent les établissements de crédit à un régime comparable à celui qui est en vigueur dans les pays occidentaux.En septembre, le IXe plan quinquennal (1996-2000) apparaît comme un compromis entre la volonté de développer les régions rurales du nord et de l’ouest du pays, et la nécessité de protéger le secteur des entreprises publiques, afin de préserver la paix sociale, tant dans les campagnes que dans les villes.L’année 1996 marque le début du IXe plan quinquennal qui prévoit de doubler, en l’an 2000, le P.I.B. de 1980, les résultats de l’an 2000 devant eux-mêmes avoir doublé en 2010. Cet objectif n’est pas contradictoire avec la poursuite de l’«atterrissage en douceur» de l’économie chinoise, engagé l’année précédente: la croissance et l’inflation sont maintenues. Cependant, les échéances politiques, la rétrocession de Hong Kong en juillet 1997, et le congrès du Parti communiste à l’automne de la même année, ainsi que le climat de succession engendré par l’âge et l’état de santé de Deng Xiaoping ne favorisent aucune prise de décision en matière de réformes économiques. L’absence de restructuration du secteur industriel public et la survivance de pratiques protectionnistes n’empêchent toutefois pas l’afflux de capitaux étrangers qui accroissent les réserves en devises du pays.Relations internationalesDu 23 au 26 avril 1990, Li Peng se rend à Moscou, pour la première visite officielle d’un chef de gouvernement chinois en U.R.S.S. depuis 25 ans; 6 accords sont signés, dont 1 sur la réduction des forces militaires le long de la frontière commune.Le 21 juillet, l’Arabie Saoudite établit des relations diplomatiques avec la Chine.Le 8 août, les relations diplomatiques sont officiellement rétablies entre la Chine et l’Indonésie, lors de la visite de Li Peng à Djakarta. Elles avaient été suspendues en 1967 par le général Suharto.Le 22 octobre, la C.E.E. lève les sanctions économiques contre la Chine qui avaient été décidées en juin 1989.Du 15 au 19 mai 1991, visite officielle de Jiang Zemin à Moscou. C’est la première d’un secrétaire général du P.C.C. depuis celle de Mao Zedong en 1957, mais ce rapprochement ne masque pas les divergences doctrinales.Du 10 au 12 août, visite à Pékin du Premier ministre japonais, Toshiki Kaifu. Le gouvernement chinois annonce son intention de signer le traité de non-prolifération nucléaire et d’ouvrir un dialogue avec la communauté internationale sur les droits de l’homme.Les 2 et 3 septembre, John Major, Premier ministre britannique, se rend à Pékin. Les discussions portent surtout sur Hong Kong, avant la rétrocession du territoire en 1997.Du 5 au 9 novembre, la visite à Pékin de Do Muoi, numéro un vietnamien, et de Vo Van Kiet, chef du gouvernement, consacre la normalisation des relations entre les 2 pays.Du 15 au 18 novembre, le secrétaire d’État américain James Baker effectue sa première visite en Chine depuis la répression de 1989. Il n’obtient aucune concession sur les dossiers des droits de l’homme, des exportations de matériel militaire ou du danger nucléaire nord-coréen.Le 27 novembre, le président Bush conserve à la Chine la clause de la nation la plus favorisée (entérinée par le Congrès).Du 11 au 16 décembre, Li Peng est le premier chef de gouvernement chinois à effectuer une visite officielle en Inde depuis 1960. La question des frontières contestées est au centre des entretiens, sans qu’aucun progrès notable soit enregistré à ce sujet.Le 24 janvier 1992, Israël et la Chine établissent des relations diplomatiques.Li Peng se rend en Europe occidentale du 26 au 31. Il participe à la réunion exceptionnelle du Conseil de sécurité de l’O.N.U.Le 24 août, la Chine et la Corée du Sud établissent des relations diplomatiques.Du 23 au 28 octobre, Akihito effectue la première visite d’un empereur du Japon en Chine. Cette visite marque le vingtième anniversaire de la normalisation des relations entre les 2 pays, que la mort de 20 millions de Chinois lors de l’invasion de la Mandchourie en 1931 avait durablement distendues. L’empereur Akihito exprime sa «profonde tristesse» – et non ses excuses – pour les «graves souffrances» causées par le Japon au peuple chinois.Représailles chinoises après la vente de Mirage français à Taïwan. Le 23 décembre, Pékin annonce la fermeture du consulat général de France à Canton. C’est la première riposte diplomatique à l’annonce de la vente de 60 Mirage 2000 à Taipei le 18 novembre. La presse procommuniste de Hong Kong annonce que Pékin a interdit à la municipalité de Canton de faire appel aux entreprises françaises pour la construction du métro.Du 27 au 29 avril 1993, à Singapour, se déroulent les premiers contacts directs depuis 1949 entre des représentants officiellement mandatés par les autorités de Pékin et de Taipei.Le 25 août, les États-Unis annoncent l’adoption de mesures de sanctions économiques contre la Chine, accusée d’avoir livré au Pakistan des éléments de missiles M-11. Cette crise illustre la dégradation des relations sino-américaines.Le 16 décembre, la Chine rompt les négociations au sujet de Hong Kong et impose des sanctions économiques à la Grande-Bretagne, après la soumission au Conseil législatif de Hong Kong par le gouverneur britannique de l’île d’un projet visant à démocratiser les élections. Le 27, la Chine fait savoir qu’elle dissoudra le Conseil législatif et les conseils locaux de Hong Kong dès le 1er juillet 1997.Le 12 janvier 1994, la France et la Chine annoncent qu’elles recherchent une «normalisation complète de leurs relations et la restauration de liens étroits», le gouvernement français déclarant qu’il ne signera pas de nouveaux contrats d’armement avec Taïwan.Du 19 au 22 janvier, le ministre des Finances américain Lloyd M. Bentsen est en visite en Chine; il étudie avec son homologue chinois Liu Jongli les moyens d’améliorer la situation économique et financière du pays; le 19, il déclare à Li Peng que, si la Chine ne fait pas de progrès dans le domaine des droits de l’homme, elle risque de se voir refuser par les États-Unis la clause de la nation la plus favorisée.Le 21 février, le rapport d’une association veillant au respect des droits de l’homme en Asie fait état d’une aggravation de la situation en Chine.Du 11 au 14 mars, à Pékin, au cours d’entretiens entre le secrétaire d’État américain Warren Christopher et de hauts fonctionnaires chinois, ceux-ci refusent catégoriquement de lier la question des droits de l’homme à celle de la nation la plus favorisée.Du 7 au 10 avril, le Premier ministre français Édouard Balladur se rend en visite en Chine. La question des droits de l’homme n’est pas abordée. En retour, le président Jiang Zemin se rendra, du 8 au 12 septembre, à Paris, où les manifestations de dissidents chinois et d’opposants tibétains seront interdites.Le 26 mai, Washington annonce le renouvellement, au profit de la Chine, de la clause de la nation la plus favorisée, marquant ainsi le découplage entre les relations économiques et la défense des droits de l’homme.Le 10 juin, la Chine procède à un essai nucléaire, alors que les autres puissances atomiques observent un moratoire informel depuis 1992.Le 2 septembre, Jiang Zemin effectue la première visite d’un chef d’État chinois à Moscou depuis 1957. Pékin et Moscou s’engagent à ne plus pointer de missiles balistiques l’un contre l’autre et signent un accord sur la délimitation de la partie occidentale de la frontière qui sépare la Chine de la C.E.I.Le 20 décembre, les négociations sur l’adhésion de la Chine au G.A.T.T. échouent.Le 26 février 1995, la Chine et les États-Unis parviennent à un accord sur la propriété industrielle. Pékin s’engage notamment à lutter contre la contrefaçon et à ne pas limiter l’importation de produits imprimés ou audiovisuels américains.En mai, puis en août, la Chine procède à deux nouveaux essais nucléaires.À partir de juillet, la Chine se livre à des mesures militaires d’intimidation à l’encontre de Taïwan, à la suite de la visite du président taïwanais aux États-Unis, en juin, et dans la perspective des élections législatives dans l’île nationaliste, en décembre.Le 24 août, les autorités annoncent la condamnation à 15 ans de prison, assortie d’une mesure d’expulsion immédiate, du dissident sino-américain Harry Wu, jugé coupable d’espionnage et d’usurpation d’identité. Enquêtant sur le «goulag» chinois, il avait été arrêté en juin à la frontière avec le Kazakhstan. Harry Wu a déjà passé 19 ans dans les prisons chinoises.Du 4 au 15 septembre se déroule à Pékin la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, organisée par les Nations unies. Encadrée par un important dispositif policier, cette réunion fait l’objet de mesures de restriction de la liberté d’expression, principalement à l’encontre du Forum des organisations non gouvernementales.Le 8 mars 1996, Pékin entame une campagne de tirs de missiles non armés au large de Taïwan – la troisième en 8 mois –, simulant le blocus des 2 principaux ports de l’île nationaliste. Le 12, l’engagement de manœuvres aéronavales à tirs réels dans le détroit de Formose suscite la réaction des États-Unis qui envoient 2 porte-avions dans la zone. La tension retombe après l’élection présidentielle à Taïwan, le 23.Du 9 au 13 avril, le Premier ministre Li Peng se rend en visite officielle en France. Le 10, lors d’un dîner offert au Quai d’Orsay, les toasts protocolaires sont annulés après que la délégation chinoise eut refusé que le Premier ministre français Alain Juppé évoque les droits de l’homme dans son discours. Du 24 au 26, le président russe Boris Eltsine se rend en visite officielle à Pékin pour illustrer sa volonté de rééquilibrer vers l’Est les relations de son pays. Les deux pays règlent plusieurs conflits frontaliers et signent de nombreux accords qui visent à dessiner le «partenariat stratégique d’égalité, de confiance mutuelle et de coordination» qu’ils appellent de leurs vœux pour le XXIe siècle.Le 24 novembre, les présidents chinois et américain, Jiang Zemin et Bill Clinton, se rencontrent à Manille, à la veille du quatrième sommet du Forum de coopération économique Asie-Pacifique (A.P.E.C.). Les 2 hommes illustrent le réchauffement des relations entre leurs pays en échangeant des invitations de visites officielles.
Encyclopédie Universelle. 2012.